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Artistes :
Stefano Intrieri
clavecin, orgue

Frédéric Martin
violon

Résumé :
"...On ne peut composer de bonne mélodie, si ce n'est avec difficulté, sans étudier la musique de danse... C'est pourquoi, maintenant que l'on néglige les danses, la musique a perdu son ancienne valeur et les fugues sont insupportables à écouter."

J. Ph. Kirnberger, Recueil d'Airs de danse caractéristiques pour servir de modèle aux jeunes compositeurs... ca 1770.
Description :
Lorsque Johann Philipp Kirnberger, élève et disciple de Johann Sebastian Bach qu'il cite abondamment, décrit dans Die Kunst des reinen Satzes in der Musik (1776) et dans le Recueil d'Airs de danse caractéristiques pour servir de modèle aux jeunes compositeurs... , les fondamentaux nécessaires pour la composition, il fait état d'une pratique profondément ancrée dans l'inconscient du musicien de son époque :
La danse est un moteur essentiel. Son vecteur instrumental principal qu'est le violon (depuis le XVIe siècle) en a porté les archétypes dans la musique profane comme dans la musique religieuse. En fait, c'est
l'essence même du sens musical qui s'y retrouve : avoir "la cadence", aujourd'hui nous dirions le "swing", était une qualité principale qui permet à Kirnberger de dire que sans elle il ne comprend plus les fugues (qui sont une
forme musicale qui n'a, a priori, rien à voir avec
la danse...).

Si l'harmonie ou la prosodie vocale sont souvent les outils employés pour "organiser" la musique, le travail corporel, à travers un répertoire de pas en liaison directe avec la
dynamique, la structure rythmique, en est un autre. Cette implication corporelle construit parfois de façon beaucoup plus profonde la mémoire musicale en proposant une relation directe, intime, entre le geste instrumental ou vocal et celui du corps tout entier.

L'intérêt, par exemple, de lier notre aptitude innée de la marche aux gestes acquis de notre pratique instrumentale ou vocale apparait de façon évidente dans le jeu de la musique à danser où les ralentissements dans les cadences, les accélérations dans les passages plus écrits, etc. sont immédiatement vécus comme un conflit entre la pulsation incarnée et d'ordre réflexe et le geste instrumental guidé par un jeu plus ou moins conscient.

Il est un temps où il nous a fallu chercher à danser en jouant afin de sentir comment l'articulation, la dynamique peuvent induire ou non un mouvement, comment le vocabulaire de la danse peut parfaitement organiser le discours musical en suggérant des solutions, des directions a priori improbables. Il est nécessaire, au delà de la connaissance intellectuelle ou de l'intuition, de faire l'expérience du mouvement, en incarnant dans la totalité de son corps, le geste instrumental.

Enfin il nous semble que c'est fondamentalement à travers cette formation, cette "éducation", que la musique inspirée par la danse mais qui ne lui est pas forcement destinée, trouve toute son éloquence.